Il y a de cela plusieurs mois, j’entreprends la refonte d’un manuel scolaire de français Nathan de 2011. Autour des textes à étudier gravitent diverses aides pédagogiques comme des exercices, des fiches méthodes, des cours sur l’histoire littéraire et l’histoire de l’art, des analyses d’œuvres et bien d’autres. Tout ce petit monde doit cohabiter et se faire entendre, le tout en gardant dans le viseur une bonne pédagogie, à destination de l’élève. Mon ambition est claire : il faut alléger ce manuel scolaire en allant à l’essentiel. Ne pouvant pas toucher au contenu, cette ambition est forcément d’ordre formel. Mes intentions se traduisent dans les grandes lignes par l’utilisation d’une couleur unique par partie et d’un caractère unique pour l’ensemble de la maquette. Une fois la conception de l’intérieur de l’ouvrage terminée, il faut penser à sa couverture. Deux choix s’offrent à moi. Je peux casser cette intention « d’ordre » à l’intérieur de mon manuel en concevant une couverture plus décontractée, pop, colorée. Cette couverture serait surprenante, inattendue et déconnectée des intentions de ses pages. À l’inverse, je peux penser une couverture en continuité de ma maquette intérieure, qui conserverait cette volonté d’aller à l’essentiel et de clarifier l’agencement des informations. Mon cœur balance. Je m’essaye aux deux possibilités et compare. Finalement, la sagesse l’emporte.

La couverture que j’ai pensée pour finaliser et accueillir ma maquette
du manuel scolaire, la voici.























Les caractéristiques de ma maquette se retrouvent dans cette couverture. Par exemple, on retrouve notre unique caractère typographique ­utilisé dans la maquette, qui permet également de composer l’ensemble du contenu textuel de la couverture. De même, l’emplacement et l’agencement de l’iconographie est directement empruntée du bandeau coloré signifiant les ouvertures de parties au sein du manuel scolaire. Cette image est une peinture d’Henri Testelin, où Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie royale des sciences créée en 1667. Cette peinture me semble être en adéquation avec l’enjeu du manuel scolaire et des intentions de ma maquette. Il y est représenté de nombreux objets qui illustrent la diversité des activités scientifiques, qui permettent de développer des connaissances et comprendre des savoir-faire. Cette iconographie se poursuit sur le dos et la 4e de couverture, traversant et entourant ainsi l’ouvrage. Les couvertures des manuels Lagarde et Michard, parus dans les années 50, sont une étroite référence à ma proposition. On y retrouve les codes classiques de
la littérature et un goût pour le conventionnel, le conforme. Quant au choix de la couleur, ce marron peut apparaître comme une synthèse des 5 couleurs que j’ai utilisé dans le manuel (rose, violet, bleu, vert et orange). Son utilisation légère en aplat de fond est une stratégie que j’ai employée dans le manuel pour démarquer les pages et contenus convoquant les aides pédagogiques. 

En suivant la ligne conductrice poursuivie, cette couverture vient abriter ma maquette intérieure en confortant et affirmant les intentions et les choix opérés. Le manuel scolaire de français Nathan de 2011 est allégé visuellement et la communication délicate et subtile de l’information est à l’honneur. 

Un débordement sans débordement 

3324 caractères — 13/03/2022

Proposition de couverture pour un manuel scolaire de français Nathan de 2011