Cinéma À l’Affiche, Chaumont, vendredi 15 octobre 2021, 18h.
Je m’installe dans le cinéma, la salle est pleine. Fanette Mellier et Grégoire Romanet sont déjà installés sur la scène. La conférence commence.
La conférence à laquelle j’assiste se finit sur une présentation de l’exposition Feuilles Volantes, justement visible au Signe. Je décide de m’y rendre
le lendemain pour voir par moi même ce que j’ai pu voir en photographies.

Le Signe, Chaumont, samedi 16 octobre 2021, 17h.
L’exposition Feuilles Volantes — pensée par Fanette Mellier et scénographiée par Grégoire Romanet — nous présente une décennie de travaux d’éditions réalisés dans un cadre annexe d’une commande dite classique. Les éditions exposées sont éditées dans un contexte où le·la graphiste est auteur·rice ou initiateur·rice du projet. L’ensemble de ces ouvrages sont exposés sur trois plateaux de bois suspendus à l’aide de ceintures de karatés colorées, choisies pour leur extrême résistance. Plusieurs pages des ouvrages exposés ont été imprimées sur des papiers colorés et sont disponibles sur des plateaux suspendus afin d’être récupérées par les visiteur·rice·s : ce sont les feuilles volantes.

Se présentent au loin devant moi les trois tables suspendues. En m’approchant, je me prends le pied dans l’un des tabourets en bois encerclant les tables. Je provoque un grand bruit, l’endroit était calme, je me suis faite remarquée et j’entend quelqu’un rigoler. Je continue ma progression et mon ramassage de prospection. Plusieurs autres personnes se prennent les pieds dans ces lourds tabourets. Je comprends mieux les rires de tout à l’heure : soit tout le monde est maladroit soit les tabourets nous dérangent dans notre progression. Je me concentre pour les contourner. Plus je regarde les ouvrages exposés sur les plateaux suspendus, plus j’ai la tête qui tourne. Entre le fait de tourner autour et le vacillement des plateaux de bois suspendus, ma tête et ma vision me font défaut. L’intitulé Feuilles Volantes semble bien choisi, j’ai le vertige.

La scénographie est pensée légère, comme un « coup de vent de poésie ». Mais je ressens une sensation toute autre. La grande quantité et variété de prospection à ramasser me paraît avoir comme mission d’alléger la table. Au fur et à mesure, les tables se vident de leurs feuilles volantes, elles s’allègent, tandis qu’une dame vient les re-alourdir en les alimentant de ces pages colorées. Les plateaux de bois suspendus semblent proches du sol, comme s’il était difficile de les soulever davantage, de par leur poids ou comme s’ils tiraient un maximum sur les ceintures qui les maintiennent en l’air. Un choix de scénographie ancre mon sentiment : des creux dans les tables ont été pensés pour y déposer des ouvrages, manière de donner du relief à ces plateaux. L’édition déposée dans se creux paraît lourde, elle semble justement avoir creusé le bois.

Je ramasse les feuilles volantes qui m’interpellent et m’intéressent au fur et à mesure de ma progression. Mon corpus documentaire et mon sac s’alourdissent, tandis que les plateaux suspendus, eux, s’allègent après mon passage et celui des autres visiteur·rice·s.
Le poids des feuilles volantes et des plateaux suspendus
3208 caractères — 14/11/2021
n°1_Quand le schéma se répète
n°2_"L’auberge Ganne" and the impressionism's birth
n°3_D'un bout à l'autre de l'objectif
Fanette Mellier, Feuilles Volantes, Le Signe, Chaumont, 2021
n°4_America: a single-mandate mook
n°5_« Trop c’est trop ? »
n°7_Le poids des feuilles volantes et des plateaux suspendus
n°8_Morgan Spurlock vs McDonald’s and co : round 2
n°9_Les Livres illisibles : communiquer sans les mots
n°6_A still life and a rock album: the meeting
n°10_Irma Boom and the Renaissance of the book
n°11_Rigueur : maître-mot de la création
n°12_A Clockwork Orange just needed that
n°13_Don’t look up : l’écologie a dépassé les limites
n°14_Instinct & book design
n°15_Un débordement sans débordement 
n°16_Newspaper design : Between efficiency and uniqueness